Pour détailler un peu plus ce document:
Sur le choléra:
Les deux dernières épidémies meurtrières en France sont celles de 1832 et 1854. Celle de 1832 fera environ 103000 victimes, elle concernera surtout le bassin parisien, le nord, en partie l'est et décline en partant de son épicentre. En 1852 elle touchera plus de régions avec 145000 morts, les voies de communications s'étant développées (chemin de fer), l'Ardèche est alors touchée, on note une surmortalité en Boutières surtout dans les bourgs les plus importants (Le Cheylard, St Martin de Valamas) mais Dornas ne relève pas de surmortalité. Plus l'habitat est dispersé et moins l'épidémie se répand.
L'eau contaminée (lavoirs, puits collectifs) fut longtemps considérée comme le vecteur le plus important mais la transmission d'homme à homme (sueur des malades lors de l'assistance) semble au moins aussi importante:
"l'ampleur des réunions de personnes dans lesquelles poignées de mains et embrassades sont une véritable aubaine pour la diffusion de l'épidémie" voila qui nous rappelle quelque chose !!
Sur la mise en place d'un conseil de salubrité:
il consiste à désigner pour le village et chaque hameau des personnes pour faire des collectes chez les personnes les plus charitables aisées pour soulager la classe indigente dans le cas de l'invasion du choléra.
Mais par quel effet et en quoi la nature de ces collectes pouvait-elle prévenir une épidémie de choléra appelée aussi "maladie de pauvres" ?
Cette mise en place en 1835 vient après "La grande peur de 1832. Terrible pandémie qui sème la panique et entretient l'exaspération de la population. (la mort pouvant se produire en quelques heures après les premiers symptômes). Ses premières atteintes ont frappée la classe la plus pauvre, la plus mal nourrie..."
La diffusion locale du bacille dépend de la résistance physiologique qui est fonction de l'équilibre et de la richesse du régime alimentaire, l'intensité de la mortalité est d'autant plus élevé que les organismes sont faibles.
Il existe pour Dornas une "Liste des pauvres" établie le 16 septembre 1790 qui est édifiante : 84 personnes sont vrais mendiants et nécessiteux toute l'année , 161 le sont une grande partie de l'année ; soit 245 personnes pour une population de 624 habitants.
Certes en 1835 nous sommes 45 ans plus tard mais pour autant tout le monde ne mange pas à sa faim et les disettes existent encore.
On remarque d'ailleurs assez souvent dans les testaments un don pour les pauvres.
Ces collectes organisées en cas d'épidémie sont vraisemblablement destinées à une assistance alimentaire des plus nécessiteux afin qu'ils résistent mieux à la contagion, soit par des dons en argent ou plutôt en denrées telles le seigle ou les pommes de terre.
On imagine mal d'ailleurs que ce soit pour se procurer un médicament qui n'existe pas ou consulter un médecin qui n'existe peut-être pas non plus ? (éventuellement un au Cheylard).
Au sujet des responsables par hameau: on retrouve le conseil municipal qui se compose de membres habitants et représentant ces différents hameaux et le village ; ce n'est pas vraiment une spécificité de l'époque, cela se pratique encore aujourd’hui, toutefois les hameaux sont beaucoup moins peuplés.
On remarque l'absence de Molines et Le Cros, ils dépendaient alors de la commune d'Accons et devinrent "dornassous" en 1852.
Le maire et l'adjoint étaient nommés par le préfet... mais je m'éloigne du sujet, à partir d'un tel document on peut disserter un bon moment.
Je n'ai pas retrouvé de délibération pour l'épidémie de 1854, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y eut pas de consignes spéciales.
Les sources:
l'article de Mr Alain Amsellem déjà cité
"Contexte" de Thierry Sabot 2017
www.éditions-thisa.fr"La marche du choléra en France 1832-1954" P Bourdelais M Demonet JY Raulot. 1978
Les archives départementales pour la liste des pauvres.