Appel pour ceux qui ont des trésors (photos/cartes postales)

Petite aparté dans ton exposé très intéressant:Je suis stupéfait pour la technicité des gens de cette époque.Parvenir à couler 500 kg de bronze à 1000 degrés en une fois en dehors d'un atelier spécialisé,cela relève d'une sacrée maîtrise.Sans parler de la réalisation des moules,car il y en a plusieurs,de l'etalonnage du son .Bref,respect pour ces anciens.

Dans son guide historique  "Contexte" (2017), Thierry Sabot écrit pour l'année 1796: " Beaucoup d'églises sont en ruine ou transformées en bâtiments non cultuels. Les clochers sont muets, car les sonneries sont règlementées et les cloches ont été fondues pour faire des canons: c'est "le silence des cloches".
Il semble donc que beaucoup de paroisses soient dans cette situation et les fondeurs de cloches itinérants devaient avoir bien du travail à cette époque (1808 pour Dornas).
Il fallait néanmoins et comme tu l'indiques un grand savoir-faire maîtrisé et une bonne expérience pour réaliser les moules et fondre le métal. Le lien ci-dessous donne une idée de cette mise en œuvre:
https://fr.geneawiki.com/index.php?title=Fabrication_d%27une_cloche

Les métiers itinérants étaient assez répandus autrefois, l'église de Dornas de 1680: " Elle fut bâtie par des ouvriers limousins qui à cette époque parcouraient la France par petites équipes, s'arrêtant là où ils trouvaient du travail". (bulletin paroissial de janvier 1910).
Toujours au sujet de l'église et dans la période révolutionnaire: " Une tradition respectable nous apprend même qu'elle fut menacée de démolition. Une bande de révolutionnaires vint du Cheylard pour exécuter cet imbécile projet, mais sur la représentation du maire que ce monument pouvait servir de maison commune ou même de salle de danse, elle fut respectée".
(bulletin paroissial d'août 1910). Le maire pourrait-être Pierre Giffon 1793-1800.
On remarque aussi que ces écrits reposent sur "la tradition rapporte…" Fut-elle "respectable", la transmission orale a quand même tendance à varier au fil du temps.
Ce qui est sur c'est que cette cloche est toujours en place dans le clocher:





Le fondeur J-B de Charme semble être de Riom dans le Puy de Dôme.
La marraine, Jeanne Félicité Manson était l'épouse de Jean Ignace Courtial notaire à Eyriac (de la lignée des Courtial qui furent notaires à Eyriac pendant deux siècles) ; il fut aussi maire de Dornas de 1815 à 1829.
Le parrain Jean François Cotta (dit Lagrange) fut maire de 1800 à 1814, son fils autre Jean François (dit Freyssenet) sera maire de 1837 à 1862.
La maison Cotta se situait à l'emplacement de l'école des sœurs (aujourd'hui propriété de Mr Thorez je crois) ; le toponyme "ver Couta" qui désignait cette maison est encore connu de quelques dornassous.
On va laisser refroidir la cloche !! avant de reparler de la placette et du beffroi ! (à suivre)

merci de toutes ces informations ainsi que ces photos de la cloche à l'intérieur de clocher, je n'avais jamais vu cela!!!
tu nous gâtes, c'est noël avant l'heure avec toi là
vivement la suite

En écarquillant bien les yeux ! on découvre que sur la carte postale ci-dessous (hélas de mauvaise qualité photo), se trouve sur la placette un support avec une cloche (seule carte que je connaisse montrant ce support là) beaucoup plus "simplifié" que le beffroi de la carte présentée au début de ce sujet. Cette carte a circulé en 1911, des cartes montrant le beffroi plus important ont été réalisées après cette date puisque sur certaines se trouve le patronage construit en 1914.
Ce "petit support" a donc précédé le beffroi (question que je soulevais en début de sujet) fut il installé lors de la bénédiction de la cloche en 1886 ? Supporta-t-il une autre cloche ? Il semblerait que la cloche de l'ancienne église fut déposée en 1850, et il serait surprenant que l'on restât sans cloche jusqu'en 1886 mais peut-être avec d'autres supports ? !!
 
Carte montrant le petit support de la cloche


Carte avec le beffroi mais sans le patronage


Carte montrant le beffroi et le patronage (ayant circulée en 1920)


L'acquisition du terrain de la placette et la construction du haut et long mur de soutènement furent réalisés sous le pastorat du curé Ducros (de 1871 à 1897), financés par les quêtes et des dons. Il pensait pouvoir lancer la construction de la nouvelle église mais en désaccord avec la mairie il renonça.

(à suivre)

merci de ces cartes certaines que je ne connaissait pas  
sur celle ci que j'ai mis sur mon site dornas 2006 depuis (deja 15 ans!)
on voit également bien (enfin à peu près) le beffroi ; carte datant de 1910 selon cachet poste

Intéressant cet échange, la carte ci-dessous est du même éditeur: Bauer Marchet et Cie à Dijon, qui n'a pas édité beaucoup de vues de Dornas (avec ces deux je n'en connais qu'une autre). Ce modèle de leur petit logo circulaire fut utilisé à partir de 1909, comme indiqué sur ce site:http://dijon1900.blogspot.com/2013/02/bauer-marchet-et-cie.html
La prise de vue a pu être faite un peu avant, mais certainement peu avant 1909.
Ces deux cartes présentent deux vues un peu différentes et avec deux légendes, mais réalisées à partir du même point de vue et certainement à peu d'intervalle (on remarque sur les deux une charrette attelée à un cheval (ou mulet) devant ce qui aujourd'hui le restaurant "La Remise" et qui là est une vrai remise !!). Le linge blanc sur la maison Mazoyer (à gauche) est identique sur les deux cartes.
Ceci n'est pas d'une très haute importance !! Mais présente un intérêt pour les collectionneurs (et les petits curieux !).

Carte ayant circulé le 2 septembre 1910

exact! quel fin observateur!!
et pour la remise, je trouve ça tellement parlant ! une vraie remise! très sympa en effet.
il y a cerrtaines cartes qui ont plus de valeurs que d'autres et celles de l'époque 1908-1912 doivent être plus rares et plus dotées. quand aux informations qu'elles apportent aux passionnés d'histoire de Dornas, c 'est vraiment formidable.

Les cartes postales anciennes avec des personnes, scènes de vie, sont dites "animées". En effet elles ont surtout été éditées avant la première guerre; se sont les plus recherchées par les collectionneurs et donc les plus rares ! leur cotation peut-être de plusieurs centaines d'euros.
Pour Dornas ce sont surtout les cartes avec l'arrivée du courrier, la source d'eau minérale, celle du concours de boules du 24 juillet 1910 est peut-être moins connue.
Mais les cartes de vues générales ont aussi leur intérêt comme on vient de le voir.

magnifique ce concours de boules en cet été 1910 ! l'insouciance et le bonheur de ces années là alors que 4 ans plus tard...

L'installation de la grande cloche suspendue au beffroi provisoire sur la placette se fit donc le 8 août 1886.
Le bulletin paroissial indique qu'elle est un don de Louis Béal de Noirols ; elle fut acquise par le curé Ducros qui avec le solde des quêtes et dons qu'il pensait au départ affecter à la construction de l'église acquit aussi deux autels: St Joseph et un maître autel.
Louis Béal est le parrain et la marraine Marie Blache (qui semble être la petite-fille de Jeanne Félicité Manson, voir cloche 1808 précédemment). Pontificat de Leon XIII, Frederic Bonnet étant évêque de Viviers.
Elle provient des ateliers Paccard à Annecy le Vieux (cette société est aujourd'hui un fleuron mondial de la fonderie de cloches).
Le lien ci-dessous nous apprend qu'Antoine Paccard ne semblait pas destiné à devenir fondeur de cloches !
https://paccard.com/histoire-fonderie-paccard/  

Après encore bien des désaccords et échanges de courriers entre les intervenants, l'église fut construite sous le pastorat du curé Chalvidan et inaugurée en 1902 ... mais sans clocher.
Le projet initial ambitieux avec un magnifique clocher ayant du être revu à la baisse pour insuffisance de crédits. Heureusement le beffroi ... provisoire, était toujours là !
L'église ne pouvait rester sans clocher et l'on s'en inquiéta très vite, emprunt et souscription publique furent lancés en 1913, mais la première guerre stoppa le projet.
Le beffroi était toujours vivant !!
Il faudra attendre mars 1927 pour que les travaux du clocher débutent enfin et que la grosse cloche soit installée le jeudi saint et sonne pour la première fois le jour de Pâques (le clocher n'était encore pas achevé) ; mettant fin aux services rendus par ce bon beffroi provisoire … qui dura des décennies !
Le clocher abrite trois cloches et rythme la vie des dornassous depuis bientôt un siècle.

La grosse et imposante cloche de 1886 toujours bien en place dans le clocher. St Vincent est le St Patron de la paroisse (et aussi de l'évêché).

passionnant ! merci pour toutes ces informations historiques et aussi ces photos incroyables!!

Série d'une suite de 4 cartes de l'éditeur Margerit Brémond, N° 4550 à 4553. Vues prises vers 1912/13 avec la présence du patronage, la plus ancienne circulation est du 9/8/1913 N° 4552.
Le photographe a vraisemblablement réalisé ces vues le même jour lors de son passage, les étendages de linge (en vert) semblent en témoigner.



Ces vues générales ne sont pas recherchées par les collectionneurs, pourtant elles ne manquent pas d'intérêts lorsqu'on s'intéresse à l'évolution d'un village.
Sur celles-ci on remarque (toujours et encore !) le peu de boisement alentour de Dornas; mais elles permettent aussi de voir l'alimentation en eau pour les roues de pêche des moulinages du Château (en rouge), dont on ne connait hélas aucune vues rapprochées.
Une roue était placée dans sa "cage" devant la fabrique perpendiculaire au ruisseau (carte N° 4552) et alimentée par un canal en bois surélevé, la prise d'eau venant du ruisseau du Gd-Dornas. Au dessous de cet "échafaudage" se trouvait une écluse qui avec le canal de fuite de la 1ère roue alimentait celle de la fabrique parallèle au ruisseau (placée côté gauche du bâtiment et masquée par la végétation sur les cartes).

Sur la vue ci-dessous on constate l'évolution avec le canal d'amené d'eau maçonné faisant réservoir à son extrémité, et la conduite forcée conduisant l'eau à la cage à roue de la fabrique basse, vraisemblablement équipée alors de turbine (s). L'autre bâtiment ne semble plus desservi et ne servait peut-être plus de salle d'ouvraison mais d'entrepôt.
On note aussi la présence de la fée électricité avec le superbe transformateur bâti au milieu de la place publique !!


Voilà quelques remarques et il y en a sans doutes bien d'autres possibles avec certaines interrogations.
Ce serait d'ailleurs très intéressant d'échanger sur le forum à ce sujet avec des questions et des précisions toujours enrichissantes.
A bientôt donc,

merci pour toutes ces cartes magnifiques , il me semble que j'en ai une ou deux mais ta collection doit être impressionnante ! et de voir les petits détails comme le linge, tu fais fort !
c est évidemment une source très importante d informations !

Voici Pâques 2022 (déjà) ;
L'occasion de reparler du beffroi, des cloches et du clocher (abordés un peu plus haut dans ce post).

Selon la tradition de l'église catholique, à partir du jeudi saint les cloches sont réduites au silence en signe de deuil de la mort du Christ, et selon la légende elles partent à Rome pour recevoir la bénédiction papale et reviennent sonnantes le jour de Pâques et de résurrection.

Les rapports à la religion ont bien évolué aujourd'hui, mais après l'achèvement de l'église actuelle (1902), l'absence de clocher et la solution de secours du beffroi (qui ne devait être que temporaire ) n'étaient pas satisfaisantes pour l'ensemble de la population et son manque se faisait particulièrement ressentir lors des fêtes religieuses et surtout à Pâques.

Pourtant dès le plan initial de l'église (assez ambitieux), le clocher figurait en bonne place, mais les circonstances évoquées plus haut renvoyèrent son édification.



Ce fut en 1927 que le clocher fut enfin élevé.
Un Dornassou qui eut la bonne idée de tenir un "petit journal" nous donne quelques précisions:


Le jour de Pâques 1927 fut le 17 avril, si le clocher fut commencé au mois de mars les travaux n'étaient pas encore achevés (ce que confirme une délibération du conseil municipal du 3 juillet 1927 pour l'achat d'une horloge et qui indique que "la construction touche à sa fin".

Mais l'impatience, la joie d'entendre sonner la cloche "dans sa haute demeure" le tout empreint de dévotion, étaient telles, qu'elle fut installée et sonna dans le clocher encore inachevé !!



On imagine que ce fut un moment solennel et d'émotion,
on imagine entendre aussi ce son de cloche prenant une autre dimension,


Mais qui mieux que le poète peut nous décrire ce moment :


Alphonse de Lamartine. Le poète mourant (extrait).

Bonne fête de Pâques à tout le forum.

bonne fêtes de Pâques ! et merci pour ces documents , une fois de plus, formidables sur l 'Eglise de notre si cher village

Documents qui ressurgissent, ils ont une cinquantaine d'années.
Celui de "La Remise" me plaît particulièrement.

Carte double volets pour insérer la note client (parfois rédigée directement sur la carte).



En-tête de facture

oh quels trésors ! magnifique !! merci beaucoup je ne les connaissaient pas ces deux la !!!

Une carte postale avec une bonne affluence, sans doute pour les besoins de la photo, on rencontre qd même moins de monde en traversant Dornas aujourd'hui !  
La grande rue est nommée route du Cheylard, aujourd'hui c'est la route de Vals. Les dornassois l'empruntent sans doute plus souvent pour se rendre au Cheylard qu'à Vals, mais après tout tous les chemins mènent à Rome !  
La particularité vient bien sur de la "coquille" sur le nom du village : DORNES !
Toutefois cette commune existe bien, mais dans le département de la Nièvre. L'éditeur Margerit-Brémond ne semble pas avoir cependant publié de cartes postales de cette localité.



Sur la carte postale suivante du même éditeur, on remarque qu'elle porte aussi le numéro: 8355 comme celle légendée DORNES. La dénomination erronée aura-t-elle mis en défaut la série de numérotation ?
Il est toujours indiqué route du Cheylard.


Celle qui suit est identique (même N°) mais éditée avec la légende bien plus flatteuse de jolie station estivale !


Voilà quelques particularités de cartes postales qui sans être très originales peuvent intéresser le collectionneur.

merci pour ces trouvailles j'ai les 2 dernieres cartes en ma possession mais il en existe beaucoup c est vrai sur Dornas (pas dornes!!) dailleurs j'ai lu trop vite et j'essayai de voir ou se trouvait cette vue de dornes mais j'ai bien vu que la carte n2 que tu as postée est bien reellement dans la Nievre!!

Une carte postale "emblématique" de Dornas aux enchères sur le site Del Campe; peu fréquente à la vente elle devrait intéresser le collectionneur passionné.
Comme d'autres thèmes de collections elle pourrait attirer aussi et hélas, les spéculateurs.
https://www.delcampe.net/fr/collections/cartes-postales/france/07-ardeche/autres--non-classes/dornas-l-arrivee-du-courrier-du-cheylard-4603-1767493543.html

Adjugée 72€. Ce n'est pas un record pour une carte postale ancienne, mais c'est déjà pas mal !

en effet pas mal comme montant ! mais quelle carte magnifique...