Cette année fleurissent des Rosalies en divers lieux de la région. Sainte Rosalie, à notre connaissance, n’a jamais fait de vélo ; mais elle descendait de Charlemagne et a fréquenté la cour normande de Sicile avant de se retirer sur le mont Pellegrino cher aux assoiffés. Un peu moins ancien, le vélo à quatre roues appelé Rosalie a été exposé pour la première fois à New York en 1853. Plus de 160 ans après, le véhicule de loisir a fait des progrès : six places, un dais pour se protéger du soleil, et même une assistance électrique. La précision suisse et l’ingéniosité italienne se sont associées en vue de produire une Rosalie d’exception, la Rolls du genre, acquise par la municipalité du Cheylard pour le compte du camping Chambaud.
Habitant la commune de Dornas, nous avons eu la chance d’être les premiers à essayer cette Rosalie exemplaire :
deux fillettes de 4 et 6 ans, deux adultes et deux garçons de 11 et 13 ans, qui ont joué à l’occasion le rôle de mécanos. Cela méritait bien un reportage, mis en page sur le forum de Dornas par notre ami belge Bruno Mazuin.
Les rôles sont soigneusement distribués, comme dans une bonne pièce de théatre : Kelly en figure de proue,
Naomi en contremaître surveillant le travail de ses frères, Noa et Mathis en mécanos ouvrant et fermant les barrières, dont un système ingénieux de clès empêche les intrus de se faufiler sur le circuit,
Malik en cycliste émérite, Jean en photographe chargé des relations publiques. On ne s'étonnera donc pas de voir la poupe de la Rosalie porter l'emblème du camping municipal du Cheylard,
un panneau vanter les mérites d'un joli gîte situé sur le trajet,
ou même la Rosalie stationner sur un pont, au mépris de toutes les règles de code de la route.
C'est ici que l'esthétique l'emporte sur la morale, et le panorama vu du pont justifiant la transgression. Enfin dans la morosité ambiante, nous avons tenu à figurer, sinon l'inversion des courbes entre la montée et la descente vers les Nonières, du moins la sortie du tunnel.
Nous ne pouvons que nous réjouir de voir ce vélo convivial et écologique faire revivre le rail, et remettre en valeur une voie ferrée désaffectée dont le mur de soutènement est fait des polygones réguliers des cristaux de basaltes : une joaillerie impérissable en plein air. L'amabilité des desservants de cette prodigieuse machine mérite amplement le détour par le plan d'eau du Chambaud, rénové après de terribles inondations de l'automne dernier.